Shoah

Pour que leur histoire ne soit pas oubliée...

Faits divers

 

Un évêque négationniste voit son excommunication levée.

 

Voici les propos qu'a tenu l'évêque Richard Williamson.

 

"Les preuves historiques vont à l'encontre des six millions de juifs délibéremment gazés dans les chambres à gaz [...] Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz [...] Fred Leuchter était un expert pour les chambres à gaz, il a examiné ce que sont les prétendues chambres à gaz, sa conclusion fût qu'il était impossible qu'elles aient pu servir à gazer un grand nombre de personnes [...] Je crois que deux ou trois centaines de milliers de juifs sont morts dans les camps de concentration nazis, mais aucun d'entre eux par une chambre à gaz [...]".

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Est-il normal qu'un membre du clergé soit rétablit dans ses fonctions après avoir tenu de tels propos?

 

Auschwitz: souvenir en péril?

 

Le sort de Birkenau, musée à ciel ouvert, est préoccupant. Dans l'ancien secteur BI, où furent détenues dans un premier temps les femmes, un échafaudage soutenant le mur d'une baraque en briques en témoigne. Adjacent à Auschwitz et bien que principal centre de mise à mort, le camp était retourné à la friche, envahi d'herbes folles jusqu'au début des années 1990, «dépotoir du souvenir», selon l'expression de l'écrivain Thierry Jonquet.

Construit à partir de l'automne 1941, Birkenau s'étendait à lui seul sur 170 hectares. Quelque 300 baraques en briques ou en bois y furent édifiées, comportant chacune trois étages de couchettes, avec quatre prisonniers par châlit. Elles furent démantelées au lendemain de la guerre par une population locale démunie de tout.

De l'immense camp de Birkenau ne demeurent aujourd'hui que 45 baraques en briques, 19 en bois, quelques chicots de cheminées, une petite partie seulement des miradors, les poteaux soutenant des kilomètres de barbelés remplacés, eux, tous les quinze ans, et la voie ferrée construite en mai 1944, d'où débarquèrent 400 000 Juifs hongrois presque tous aussitôt gazés. «Tous ces bâtiments construits à la va-vite n'étaient pas faits pour durer, explique Piotr Cywinski. De plus, ils ont été bâtis sur un terrain humide, où l'eau stagne à partir de 60 cm de profondeur. L'eau gèle, puis dégèle, ce qui signifie que le terrain bouge. Le problème n'est pas nouveau. Les Allemands s'y heurtèrent déjà. Le bois peut être traité pour résister à l'humidité, mais les baraques en briques menacent à moyen terme de s'écrouler.»

De part et d'autre du mémorial édifié en 1967, les ruines chaotiques des chambres à gaz numéros II et III - les plus grandes du camp - sont confrontées au même sort. Dynamitées en novembre 1944 sur ordre d'Himmler, elles sont devenues illisibles pour le profane, laissant de plus en plus mal distinguer les vestiges de l'escalier menant du vestiaire de la chambre à gaz aux crématoires situés dans le sous-sol, le plancher du local où se trouvaient les fours et une partie des rails qui servaient à transporter les cadavres. Des poutrelles métalliques soutiennent ce qui subsiste du crématoire numéro II et, l'an dernier, des piliers ont été enfouis à six mètres de profondeur pour soutenir les fondations du crématoire numéro III. Les travaux se sont déroulés sous la surveillance de rabbins et les cendres humaines mêlées à la terre soigneusement récupérées.

Dans le laboratoire de chimie créé il y a six ans, des experts planchent sur la conservation des effets personnels constitués pour la plupart de matériaux composites et pour lesquels, assure Piotr Cywinski, il n'existe aucune technique de restauration satisfaisante. «Nous savons conserver des momies égyptiennes, mais pas des brosses à dents en plastique.» De même, nul n'a encore osé toucher aux centaines de lunettes inextricablement enchevêtrées depuis 1955. Et puis, il y a le plus douloureux, le plus choquant : les deux tonnes de cheveux récupérés par les SS. Que faire de ces restes humains ? Faut-il les enterrer comme l'ont préconisé certains ? Ou bien les traiter chimiquement, «ce qui reviendrait, estime Cywinski, à les rendre artificiels. Or, ici, nous ne montrons rien d'artificiel. Nous n'avons pas de solution et il est probable qu'ils finiront par tomber en poussière ».

Les obstacles ne sont pas seulement d'ordre technique. Au fil du temps, les habitants de la ville d'Oswiecim (en allemand Auschwitz) et des villages environnants, chassés en 1940 par les Allemands, ont repris possession d'une partie de «l'immense métropole» décrite par Primo Lévi. À l'ouest du camp de Birkenau, le Bunker I, rebaptisé «la petite maison rouge», n'a été localisé que récemment. C'est dans cette ferme isolée que les nazis testèrent l'«efficacité» du cyclon B. Sur les ruines de la petite maison rouge, l'ancien propriétaire polonais avait rebâti sa maison. Celle-ci a été détruite pour laisser la place à une stèle inaugurée en 2005.

La même année, la Judenrampe, la rampe des Juifs, où arrivaient les convois de déportés, fut réhabilitée. Deux wagons signalent sa présence. Elle fait désormais partie du «circuit touristique». Laissée pendant des décennies à l'abandon, elle traverse aujourd'hui une zone pavillonnaire. Inquiets pour leur tranquillité, les habitants du quartier s'opposent à la circulation d'autobus sur la route qui mène à ce lieu de mémoire.

«Ici comme ailleurs, reconnaît Cywinski, des gens en ont ras-le-bol et disent qu'il faut tourner la page.» À quoi sert le musée d'Auschwitz-Birkenau ? Créé en 1946 par des rescapés au nom du devoir de mémoire, il a certes échoué dans sa mission de prévention. Au fil du temps, il a réussi cependant à faire en sorte que la Shoah appartienne à la conscience universelle. Des Israéliens, des Européens, des Américains, mais aussi et, c'est nouveau, des Sud-Coréens, des Japonais ou des Chinois viennent aujourd'hui visiter Auschwitz, symbole du mal absolu parce qu'il fut le plus grand des camps de la mort, parce qu'il est surtout le seul des camps d'extermination à avoir conservé des traces visibles de l'assassinat industriel organisé par les nazis. Il ne reste plus rien en effet des camps de Belzec, Sobibor, Treblinka et Chelmno, rasés par les Allemands qui y plantèrent des arbres avant de quitter les lieux.

Auschwitz-Birkenau est la réponse sans équivoque aux thèses négationnistes relancées par Mgr Williamson, dans le sillage de Maurice Bardèche ou de Robert Faurisson, à la faveur de ce que Piotr Cywinski désigne comme « une période de rupture mémorielle ». Dans quelques années, « les derniers témoins vivants de l'holocauste auront disparu et avec eux l'émotion qu'ils ont su transmettre à leurs enfants et petits-enfants. Une nouvelle génération arrive qui n'a plus aucun lien avec cette histoire ».

Sauver Auschwitz-Birkenau est devenu une urgence « parce que plus nous attendons, plus sa conservation sera aléatoire ». Ce défi moral se double d'un pari financier. Environ 45 % du budget du musée provient actuellement du gouvernement polonais, 50 % des recettes du musée (librairie, guides, parking) et le reste de subventions publiques ou privées. Parmi les donateurs, Ronald Lauder, héritier de la célèbre marque de cosmétiques, s'est distingué depuis le début des années 1990 comme le soutien le plus généreux, le plus fidèle et le plus humble.

«Les moyens dont dispose le musée ne nous ont permis jusqu'ici que des projets ponctuels, poursuit Cywinski. Du rafistolage alors qu'il nous faut mettre au point une solution à long terme. Nous avons calculé par exemple que la restauration de deux bâtiments d'Auschwitz I et de cinq baraques en bois de Birkenau s'élève au total à 5 millions d'euros.» Le devis vient d'être accepté par le ministère polonais de la Culture qui a débloqué des fonds européens. Les travaux devraient commencer au printemps.

Mais Cywinski mise surtout sur un projet de fondation internationale qui, sur le modèle de la Fondation française pour la mémoire de la Shoah, «fera travailler l'argent des donateurs». Cywinski prévoit d'étaler les travaux sur une vingtaine d'années à raison de 4 à 5 millions d'euros par an. L'idée a été adoptée par le Conseil international d'Auschwitz, qui supervise l'aménagement du site. Le projet, qui n'est pas encore totalement ficelé sur le plan juridique, a été transmis il y a quelques jours au premier ministre polonais Donald Tusk. Celui-ci vient de lancer un appel aux dons. La chancelière allemande Angela Merkel a d'ores et déjà donné une réponse positive et des discussions viennent d'être entamées avec l'Union européenne, dont Auschwitz - faut-il le rappeler ? - fut la matrice.

Extrait du journal Le Figaro - 04/03/2009

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